Au loin, mes rêves

La tête collée contre la vitre d’un train, il m’arrive de me demander combien de temps les souvenirs du paysage qui défile dureront. Il m’arrive de souhaiter ne jamais en oublier les détails, puis j’en oublie toujours les détails. Souvent, je sais que c’est la dernière fois que je le vois ainsi, ce paysage. Que la prochaine fois, il aura changé, ou qu’il n’y aura pas de prochaine fois.

J’en oublie toujours les détails, mais les sensations, les sentiments, les tiraillements restent intacts. La tête collée contre la vitre d’un train, je ne cesse de dire adieu aux paysages.

La mémoire est un outil étrange, étonnant, qui nous ment souvent. Ma mémoire aime les fausses pistes. L’émission de radio dont je parle à la première ligne de ce blog s’appelait en réalité « Je vous écris du plus lointain de mes rêves ». Cette phrase, oubliée depuis longtemps, revenue de très loin, m’a fait le même effet qu’à l’époque. Je n’en suis pas revenue de tant de beauté.

Je ne ramènerai pas les paysages de Russie, je ramènerai ma tête collée contre la vitre du train, mes adieux aux paysages, et surtout, surtout, de quoi nourrir les plus lointains de mes rêves.

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