Le sens de la marche

Il y a quelques années, dans un train qui me ramenait vers Paris, je me suis demandée pourquoi je choisis souvent le sens de la marche. Il y a quelque chose de rassurant, d’aveuglant aussi, dans le fait de regarder vers l’avant. Voyager dans le sens inverse, c’est accepter de dire au revoir aux paysages. C’est regarder en face ce qu’on quitte. Parfois, j’en ai le courage.

Il a fallu choisir le sens du transsibérien. Il est des évidences, et partir de Moscou vers Vladivostok en est une. Regarder vers le bout du monde, dérouler ce voyage comme une aventure et non comme un retour à la maison. Je n’ai pas envisagé de voyager dans l’autre sens, de revenir sur mes pas. Je n’ai jamais aimé revenir sur mes pas. Comme une évidence, quelqu’un m’a dit « dans l’autre sens, c’est tricher. » J’ai souri.

Je sais très bien dans quel sens va internet. Je sais très bien qu’il faut mettre les nouveautés en avant. Je crois pourtant que les posts de ce blog vont continuer aller contre l’évidence. Ils vont s’articuler comme on lit un livre, en commençant par le début. Comme on part de Moscou vers Vladivostok.

 

Edit du 24 mars : j’ai finalement basculé l’ordre des posts, pour reprendre la marche d’internet. Il y avait quelque chose de figé, de glacial, dans la présence du premier post tout en haut du blog. Internet a gagné.

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