À quoi bon ? Voir le lac Baïkal

Le train dilate le temps. Il module la patience, l’attente. Il invite la monotonie et la rêverie. Le train avance, quoi qu’il arrive, à allure constante, emportant avec lui les humeurs, les envies, les nécessités de ses passagers qui en ont accepté la contrainte. 
Le train parcourt la distance Moscou-Irkoutsk en trois jours et demi. J’ai fait durer le plaisir en m’arrêtant de temps en temps, il m’a fallu huit jours pour rejoindre le lac Baïkal. 

À quoi bon traverser la Russie en train ? Pour diluer l’espace-temps, prendre la mesure du territoire que l’on traverse, perdre ses repères. Et, enfin, arriver à l’embouchure de l’Angara qui se jette sous le lac gelé. A cet endroit précis, le temps suspendu permet à toute la palette de bleus de s’étaler comme chaque seconde écoulée depuis le départ. 

A cet endroit précis où l’eau rencontre la glace, le ciel et la lumière, j’ai su pourquoi j’étais là. Parce qu’il faut faire exploser son coeur à coup de belles choses, parce qu’il faut tanguer face à la réalité, parce qu’il faut voir ça, au moins une fois dans sa vie. 

Et parce que la deuxième fois et les suivantes sont aussi bonnes, j’ai recommencé tant que j’ai pu

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