152 heures

Au mois d’avril, entre Moscou et Vladivostok, j’ai passé 152 heures dans des trains. Quand je travaillais, c’était à peu de choses près le nombre d’heures mensuelles inscrites sur ma fiche de paie. 

C’est comme si, au mois d’avril, chaque heure habituellement passée à travailler/produire/gagner de l’argent avait été consacrée à penser à la marche du monde, à lire des livres bien trop épais pour la vie réelle, à dormir en laissant cours aux rêves les plus fous, à regarder défiler le paysage. A s’imprégner d’une langue dont seules des bribes me sont perceptibles, à descendre sur des quais, les pieds dans la neige, pour profiter du soleil printanier. A regarder le monde avec cette joie qui forme les plus beaux souvenirs. 

C’est comme si aucune minute n’était employée à se demander « qu’est-ce que je fais là ? » 

On m’avait dit que le transsibérien n’avait rien de romantique. On m’avait dit que peut-être, il était romanesque. Il est un peu plus que ça : 152 heures de temps suspendu. Qui n’en rêverait pas ?

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