« à quoi bon ? »

À Moscou, j’ai rencontré Andreï, qui fait partie de l’équipe de mon auberge de jeunesse. 

A l’évocation du mot « transsibérien », il a eu un petit sourire narquois. Et puis il m’a dit ça :

« C’est très français comme voyage. Je ne comprends pas bien pourquoi autant de Français veulent absolument faire ça, c’est très mystérieux. Moi, je ne l’ai jamais fait, je ne connais aucun Russe qui l’a fait. Parfois, les Russes vont jusqu’à Irkoutsk, mais en avion !

C’est courageux comme voyage, parce que tu verras, ça n’a rien de romantique ! Peut-être que c’est un peu romanesque… Moi je n’ai pas envie d’écrire ce roman de la Russie, non, je n’ai pas envie de traverser mon pays. A quoi bon ? »

C’est vrai, à quoi bon ? Je ne sais pas encore. 

Andreï, 27 ans, écrit à sa manière le roman de la Russie, il est engagé dans plusieurs combats pour les droits de l’Homme. Et il accueille les Français qui partent faire la traversée, comme un point de départ à l’aventure. 
PS : « Si tu écris sur moi, tu changes mon prénom ! J’ai toujours voulu m’appeler Andreï. »

Moscou

Pour être honnête, j’ai failli louper Moscou. Passer à côté, tout simplement. 

J’y ai passé mes trois premiers jours en Russie, un peu hallucinée d’être enfin là et surtout pressée de prendre le train. Entre des travaux omniprésents, j’ai visité des monuments impressionnants, longé des avenues gigantesques, plongé dans les entrailles du métro, flâné dans le parc Gorki. Mais il y avait quelque chose qui ne prenait pas, entre Moscou et moi. Comme si je me trouvais face à ce genre de personnes à la beauté éclatante qui ne se défont jamais de leur mystère. 

J’ai fini par faire ce que je ne fais jamais : une visite guidée. J’ai revu les monuments et les avenues, et d’autres choses fort intéressantes aussi, avec cette fois les clés pour comprendre (un peu) Moscou. 

Parce qu’en Russie, la place rouge n’a rien à voir avec la couleur, il m’a bien fallu trois jours pour m’acclimater. Juste pour être là. Et puis, j’ai pris le train, depuis je suis là et nulle part à la fois…