L’ennui

Finalement, l’ennui a fini par frapper. Il était tapi quelque part dans l’ombre de ce voyage en solitaire et, au bout d’une vingtaine de jours, il m’a assaillie. 
Ca n’a pas été une grande surprise. Je m’y attendais, peut-être même était-ce ce que je cherchais, moi qui m’ennuie si peu. Dans ma mise à l’épreuve, dans cette conquête du bout du monde et de moi-même, l’ennui m’est apparu comme une étape obligée. Je l’ai accepté. 

Je me suis laisser happer, j’ai grommelé et me suis impatientée, comme pour lui faire plaisir. Les occupations n’avaient pas la saveur de la découverte, mais celle un peu lasse, de ce temps si épais que l’on cherche désespérément à combattre. 

Et puis il est parti, comme il était venu. Il avait créé sa parenthèse dans la parenthèse, un souvenir bien particulier d’une des villes où je me suis arrêtée. Il est parti parce que je reprends le train demain matin à l’aube, parce que chaque heure d’attente, chaque gare, chaque nouvelle couchette, chaque nouveau visage est une nouvelle aventure. Et que l’aventure n’est pas finie.